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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 08:00

mes illusions

     Il y a quelques mois, je discute avec une ancienne élève, 14 ou 15 ans, qui me dit qu'elle n'aime pas lire... De fil en aiguille, elle me me parle d'un livre qui l'a touchée et qu'elle a aimé : Mes illusions donnent sur la cour. Elle était tellement emballée et convaincante... Alors moi forcément, j'ai voulu le lire ce livre qui a réussi à séduire une ado hermétique !

Bien sûr il est sorti l'année dernière mais j'ai toujours un train de retard vous devriez commencer à le savoir

Bref, aujourd'hui, je la remercie de m'avoir fait découvrir ce roman touchant et dérangeant, léger et pesant...

 

"Vous l'avez sans doute oublié, mais, comme moi, vous avez un jour pris conscience de votre ennui, et à cet instant, il vous est devenu insupportable.

Comme moi, vous avez un jour regardé le ciel, à l'aube du crépuscule, en vous demandant pourquoi les étoiles n'arrivaient pas.

Comme moi, vous avez compris que votre vie allait commencer sans que vous n'y puissiez rien.

Parce que, comme moi, vous avez eu quatorze ans."

 

Premier chapitre, on est fixé sur ce qui nous attend...

L'histoire, c'est celle de Sacha, 14 ans, collégien lambda, rien à signaler. Un jour Sacha rencontre Augustin, beau, rebelle, libre. Il est immédiatement fasciné par Augustin, tombe amoureux (ou pas ?) de lui, devient son ami, son double et le suit partout. C'est alors le commencement de la dérive... sorties, cigarettes, alcool, sexe, drogues, médicaments... Sacha finit par ne plus se reconnaître lui-même, quasiment ivre ou défoncé en permanence. Il se sent vivant et sait qu'il se détruit tout à la fois. Sa volonté de découvrir de nouveaux horizons, de faire des expériences nouvelles, de fuir sa vie et son quotidien le galvanisent... jusqu'à la déchirure.

 

"Je crois que je suis amoureux de lui.

Je tombe.

Il n'est plus question de plaisir.

Il crie.

C'est loin déjà.

Je veux qu'il soit mes gestes quand je ne les contrôle plus, mes poils quand j'ai la chair de poule. Je veux devenir une partie de lui, aussi utile qu'une main, aussi vitale qu'un coeur. Il est le seul à pouvoir m'entraîner vers le point où tout disparaît. Disparaître avec lui."

 

Le personnage de Sacha est attachant. Il est perdu, en quête d'une liberté qu'il ne sait pas comment atteindre. C'est un roman assez sombre (la vision sans espoir d'un ado sur le monde qui l'entoure) et à la fois plein de légèreté (rien ne se pose sur Sacha et Augustin, ils vivent chaque jour comme le dernier).

C'est le genre de livre qu'on aime ou qui laisse totalement indifférent. Perso, j'ai beaucoup aimé. Bien sûr, certaines situations sont poussées à l'extrême mais n'est-ce pas justement le principe même de l'adolescence ? Tout est exacerbé dans un sens ou dans l'autre.


"Les jeunes aux yeux vermillon se sont arrêtés. Ils regardent le ciel avec angoisse. Un instant, on peut sentir le poids du monde sur leurs épaules. Le trop grand poids du monde. A l'heure où tout devient plus sombre, il nous faut rapidement nous regarder en face. Les jeunes se remettent à marcher, zombies langoureux, paresseux et futiles, sur le boulevard des espoirs sales. Criblées de malheurs, leurs rétines portent les marques de la douleur en spectacle. Le vent ne souffle plus et on éteint le soleil. Les jeunes deviennent fous, incontrôlables, même plus sauvages, quasiment robotiques."

 

Les phrases sont courtes, ce qui donne un rythme soutenu et assez particulier. Par moments on a l'impression d'être embarqués dans un tourbillon de mots, tout s'accélère, les phrases défilent puis les pages, de plus en plus vite. C'est étrange et très cohérent avec le contenu. Sacha voit sa propre vie lui échapper, tout va trop vite autour de lui, il ne sait plus comment se situer face aux autres, il n'en a pas le temps...

Bref, je vous conseille ce roman !

 

4e de couverture :

"Sur un transat, il mange un esquimau. Le chocolat fond autour de sa bouche, il s'en met partout. On dirait du sang séché. Le ciel est de la même couleur que le soleil. Ce matin on a braqué le minibar. Augustin voulait qu'on célèbre son départ. L'air a une vague odeur de jasmin. Je suis sûr que c'est le produit d'entretien.

Il se lève pour aller commander quelque chose au restaurant, de l'autre côté de la piscine. Je l'observe.

De longs palmiers bougent derrière lui. Graphique. Il plonge dans l'eau. Il disparaît quelques secondes, puis il réapparaît. Il revient, il se rallonge sur son transat. Je regarde les parasols kitch, jaune et rouges, et je pense que ce serait vraiment beau de les voir tous s'envoler en même temps."

Sacha Sperling a 18 ans. Il signe ici son premier roman.

 

Ma note : 4,5/5

 

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- ""Diventare francese", la naturalisation des génois en Provence (1620-1730)", La Haute vallée de l'Arc, bulletin de la SERHVA, n°124, octobre 2013

 

- "Sculpteurs-marbriers provençaux : les Veyrier et la carrière de Trets", dans Marbres de Rois, actes du colloque international tenu (Versailles 2003), Presses universitaires de Provence, 2013, pp. 81-90

 

- Atlantes & Cariatides, Editions Edilivre - collection Universitaire, 2012

241073 LCU C14 3 - Copie

 

- "Sculpteurs et marbriers : les Veyrier et la carrière de Trets", Provence Historique, tome LX - fasc. 239, janvier mars 2010, pp. 67-79


- "Des berges de la Garonne à la construction du magasin des Marbres du Roi à Bordeaux", Bulletin monumental (chronique), n°169-1, 2011, p. 81


- "L'empreinte des archevêques sur Puyricard" (en collaboration avec Sophie Bergaglio) dans Sebastien AUBLANC & Sophie BERGAGLIO, Puyricard, images et histoires, Ed. des lilas, 2012, pp. 56-65