Pierre Puget est né en 1620 à Marseille et il entre très tôt en contact avec l’art italien. Après un passage dans l’atelier de Jean Roman, sculpteur sur bois à Marseille, il part à Florence en 1638 et entre sur recommandation dans l’atelier de Pierre de Cortone à Rome en 1640 comme peintre.
Rappelons que comme Michel Ange ou Le Bernin, Pierre Puget était un artiste complet qui exerçait à la fois en peinture, sculpture, architecture, mais aussi dans le domaine plus spécifique de la décoration navale à l’Arsenal de Toulon.
En 1646, Puget est chargé d’accompagner un frère pénitent, nommé Joseph, à Rome afin de faire des relevés des antiques les plus célèbres.
Ce ne sera que quelques années plus tard, en 1661, que l’on retrouve Pierre Puget en Italie, après la disgrâce de Fouquet, qui était le surintendant des finances du Roi et protecteur du sculpteur. C’est alors le début de la carrière génoise de Puget et les nombreuses commandes qu’il recevra à cette époque influenceront à la fois la sculpture française et provençale, mais aussi la sculpture génoise des décennies à venir.
En effet, en 1663, quelques uns de ses élèves les plus proches le rejoignent et travailleront avec les élèves génois de Puget. Ils entrent alors en contact direct avec la sculpture italienne, se familiarisent avec l’emploi quasi-inconditionnel du marbre et échangent les visions françaises et italiennes de l’art de la sculpture.
En 1667, Colbert, le remplaçant de Fouquet auprès du Roi, souhaite voir revenir Puget en France et lui propose la direction de l’atelier de sculpture de l’Arsenal de Toulon. Les négociations entre le surintendant des bâtiments du Roi et l’artiste dureront plus d’une année et ce n’est qu’en 1668 que Puget arrive à Toulon pour travailler à la décoration des vaisseaux de Sa Majesté.
Puget retourne néanmoins à Gênes pour achever les travaux en cours et répondre à de nombreuses commandes des riches familles de la ville et ne revient s’installer définitivement en France qu’en 1673. Il continuera à faire fréquemment des séjours en Italie, en particulier à Carrare, pour choisir ses marbres.
En 1690, suite à l’annulation de commandes royales, souvent dues au prix trop élevé qu’en demande le sculpteur, il menace de repartir en Italie mais ne fera qu’un simple voyage en 1691 au cours duquel il obtiendra quelques contrats pour des projets qui ne seront pas réalisés par lui.
Il meurt à Marseille le 2 décembre 1694.
On s’aperçoit que l’on ne peut dissocier l’œuvre de Puget de l’Italie. Il s’est nourri tout au long de sa vie des influences romaines et génoises que l’on perçoit dans la plupart de ses réalisations.
Admiré et très sollicité en Italie, Pierre Puget était beaucoup plus libre dans sa façon d’aborder son travail que ses confrères français. En effet, les sculpteurs français étaient presque entièrement soumis à la contrainte des commandes royales alors que Puget ne travaillait que pour des riches familles italiennes qui n’avaient que très peu d’exigences en matière de codes de représentation. A son retour en France, il s’est senti enfermé par les contraintes et les exigences des ministres et surintendants royaux.
Puget a fait de nombreux voyages en Italie au cours de sa vie, pour honorer des commandes ou choisir ses marbres.
Durant son séjour à Gênes, il a reçu beaucoup de commandes et a laissé son empreinte dans de multiples monuments de la ville, par ses œuvres mais aussi par l’influence sur les jeunes artistes locaux qu’il a fait travaillé. Il était alors accompagné de son principal élève Christophe Veyrier ainsi que ponctuellement d’un autre provençal, Honnoré Pellé.
A Gênes, il eut comme principaux élèves et collaborateurs Filippo Parodi et Daniello Solaro. Ces amoureux du travail de la pierre ont confronté leurs connaissances et leur culture artistique, ce qui a abouti à des réalisations très différentes de ce que l’on peut trouver dans le reste de l’Italie.
Face à une œuvre de Puget dans cette période là, et c’est valable pour beaucoup de sculptures italiennes de l’époque, l’œil du spectateur est pris dans un enchevêtrement de formes ce qui empêche le regard de se poser fixement sur la sculpture. Il y a une volonté de visions multiples de l’œuvre, d’un point de vue strictement analytique et didactique tout d’abord, mais aussi d’un point de vue émotionnel.
Puget part de Gênes en 1668 avec quelques chantiers encore en cours et il laisse le soin à ses élèves de finir ses œuvres, qui sont parfois tout juste ébauchées. Dans la plupart des réalisations postérieures à cette date, il faut avoir à l’esprit que Filippo Parodi, Daniello Solaro, Christophe Veyrier ou Honnoré Pellé ont été mis à l’épreuve en devant terminer des pièces du maître sans que l’on ne voie la différence.
Pour les italiens, Parodi et Solaro sont devenus les sculpteurs les plus demandés en Ligurie et parfois au-delà et ils ornèrent la ville de Gênes de nombreuses sculptures.
Honnoré Pellé a terminé sa carrière et sa vie à Gênes, devenant plus connu sous le nom de Monsieur Onorato et auquel on doit par exemple ce Christ qui se trouve aujourd’hui à la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix en Provence et qui provient de la chapelle du château de Puyricard, construit à quelques kilomètres d’Aix par le cardinal de Grimaldi.
Christophe Veyrier revint en France et fut chargé de nombreux travaux d’importance et devint un des rares sculpteurs – marbriers provençaux grâce à la découverte d’une « montagne de marbre » à Trets.
N’oublions pas qu’en France, Puget a eu également de nombreux élèves parmi lesquels on peur citer Jean-Jacques Clérion ou Jean Dedieu qui furent pensionnaires de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture et qui travaillèrent beaucoup à la décoration de Versailles. Dedieu fut chargé par le Roi de copier des antiques (tout comme Christophe Veyrier) et plus particulièrement la Vénus d’Arles.
On compte aussi dans l’entourage proche de Puget des artistes ayant beaucoup travaillé dans la région comme les Caravaque, les Duparc ou encore Jean-Baptiste Tuby fils qui fut un des principaux décorateurs de Versailles.
Formés par un sculpteur techniquement exigeant, ils ont dû se forger un style propre tout en restant marqués à jamais de l’empreinte de leur apprentissage chez Puget. Une des difficultés principales dans l’étude de ces artistes est véritablement l’attribution des sculptures. Trop souvent les noms se sont confondus, semant le doute dans des attributions qui semblaient certaines. Très peu de sculptures sont signées mais grâce aux archives, quelques œuvres peuvent être rendues à leur auteur.
(Pour un peu mieux découvrir Gênes : Un jour à... Gênes (It))