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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 08:00

Max.jpgMe voilà de retour !

Petite pause boulot aujourd'hui pour vous raconter mes dernières lectures (peu nombreuses mais ce n'est pas une raison pour ne pas en parler).

Commençons par "Max". Un bouquin que l'on m'a prêté, un sujet qui potentiellement va m'intéresser, un roman assez imposant : bref, ca part pas mal.

 


Je suis obligée quand même, ce que je ne fais jamais, de parler de la couverture... Elle met dans l'ambiance au premier coup d'oeil, simple et terrifiante. Le roman en lui-même sera à son image !


Nous voilà donc plongés dans un récit du personnage principal (Max) à la première personne, récit qui commence avant même sa naissance. Max a été conçu dans le cadre d'un projet nazi de pouponnières destinées à "fabriquer" des enfants aryens parfaits, grands, forts, blonds aux yeux d'acier et surtout éduqués dès leur naissance à devenir de véritables petits nazis, sans émotion, sans concession.

Je n'attendrai pas plus longtemps avant de signaler que ces programmes ont existé. D'ailleurs, de manière très intelligente et habile, Sarah Cohen-Scali a joint à son roman une note qui explique très précisément les éléments qui sont réels et ceux qui sont fictifs dans cette histoire. De cette manière, personne n'est pris en traître. En fin de compte, on aurait bien aimé que ce ne soit que fiction mais malheureusement ce roman se fonde sur des recherches sérieuses et approfondies de la question...

 


Revenons à Max. Cet enfant à naître nous explique comment il a été conçu et pourquoi puis il finit par naître, le jour anniversaire d'Hitler. Il devient le premier de ces enfants "parfaits", le modèle pour tant d'autres à venir.

Il grandit bien évidemment et se destine à devenir un impitoyable soldat. Tout se déroule comme prévu (ou presque), il intègre une école nazie, participe à l'enlèvement d'enfants, assiste à des scènes cruelles auxquelles il est préparé depuis ses premiers jours et qui ne l'émeuvent pas plus que ca. Sa vie est une mécanique bien huilée, jusqu'au jour où... il apperçoit Lukas, grand et blond comme lui. Il décide que Lukas deviendra son grand frère et s'agrippe à lui comme un arapède. 


Il est fier, il est admiratif, il rêve de devenir comme Lukas, de devenir Lukas ! Sauf que... sauf que Lukas est juif. Il a réussi à se faire passer pour non juif et ses caractéristiques physiques lui ont permis d'intégrer cette école nazie et ainsi de survivre (ce personne est inspiré d'un jeune homme ayant réellement existé). Max se retrouve pris entre l'amour qu'il porte à ce frère adoptif et la fidélité à son Furher qui l'obligerait à le dénoncer.

Cette relation entre les deux garçons va bouleverser tous les codes enseignés par les nazis et Max, pourtant endoctriné dès sa naissance, va petit à petit comprendre que la situation est bien plus complexe et tordue que ce que l'on a bien voulu lui faire croire.


Alors ce roman est spécial. Le fait qu'au départ le narrateur soit un foetus, puis un nouveau né doté de réflexions politiques puis ensuite un enfant grandissant sans libre pensée est assez perturbant. De plus, vu que c'est l'enfant qui parle, toutes les doctrines nazies sont exprimées comme des vérités universelles sans rien ni personne pour les démentir ou en relever les incohérences, la violence, et la perversité. C'est un moyen comme un autre d'exploiter la thématique de l'endoctrinement... un moyen qui rend la lecture un peu bizarre.

Bien sûr, le contenu est bien plus dérangeant que la forme et de mon point de vue, Sarah Cohen-Scali a très bien fait ressortir ce qu'il y avait de plus pervers dans ces programmes de "création" d'enfants "purs". J'avoue avoir été soulagée à l'arrivée de Lukas, lucide, conscient de ce qu'il se passe dans le monde qui l'entoure, l'esprit torturé par ce qu'il est obligé de faire et dire pour survivre. Dès ce moment, le récit devient bien plus intéressant puisque, outre le contre point que cela apporte, on voit apparaître des fissures dans les certitudes, fissures qui s'agrandissent au fil des pages pour devenir des questions, des doutes et finalement d'amers constats.


4e de couverture :

"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde.

Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"

Max est le prototype parfait du programme Lebensborn initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.

Une fable historique fascinante et dérangeante qu'on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.

 

Ma note : 3/5

 

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- ""Diventare francese", la naturalisation des génois en Provence (1620-1730)", La Haute vallée de l'Arc, bulletin de la SERHVA, n°124, octobre 2013

 

- "Sculpteurs-marbriers provençaux : les Veyrier et la carrière de Trets", dans Marbres de Rois, actes du colloque international tenu (Versailles 2003), Presses universitaires de Provence, 2013, pp. 81-90

 

- Atlantes & Cariatides, Editions Edilivre - collection Universitaire, 2012

241073 LCU C14 3 - Copie

 

- "Sculpteurs et marbriers : les Veyrier et la carrière de Trets", Provence Historique, tome LX - fasc. 239, janvier mars 2010, pp. 67-79


- "Des berges de la Garonne à la construction du magasin des Marbres du Roi à Bordeaux", Bulletin monumental (chronique), n°169-1, 2011, p. 81


- "L'empreinte des archevêques sur Puyricard" (en collaboration avec Sophie Bergaglio) dans Sebastien AUBLANC & Sophie BERGAGLIO, Puyricard, images et histoires, Ed. des lilas, 2012, pp. 56-65